Thomas Coville : Echouer, Souffrir, Persévérer… pour Gagner !

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Training for the maxi tri SODEBO, skipper Thomas Coville, prior to his solo circumnavigation record attempt, off Belle Ile, on october 12, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO

C’est avec beaucoup de plaisir que je termine l’année par un article, sur un marin extraordinaire : Thomas Coville. Ce breton est le nouveau détenteur du record autour du monde en solitaire : 49j.3h 7’38’’. Fantastique ! Dans l’Equipe d’hier, il revient sur cet événement hors norme.

Il a commencé par échouer

Michael JORDAN répétait : « j’ai raté et raté et encore raté avant de réussir ». C’est exactement ce qu’a fait Thomas Coville. Après avoir échoué 4 fois, la cinquième fut la bonne. Il a compris que pour gagner, il fallait accepter de perdre. Du coup, la vie est entraînement et l’échec n’existe pas.

Thomas Coville : « Ce n’est pas d’avoir perdu, mais ce que tu en fais qui compte ». Fantastique !

Il a persévéré en s’entourant

Il a donc commencé par échouer, en tirer les enseignements et s’adapter pour rebondir. Hormis les ajustements stratégiques, physiques ou matériels, il a fait un travail mental.

Coville : « Gagner permet de voir les choses différemment. C’est la première chose que j’avais dite à Lynne Burney (coach mentale avec laquelle il travaille depuis fin 2014) : ce n’est pas une psychanalyste que je cherche, je cherche un objectif. Passer le cran avec une aide extérieure pour performer. Je sais que j’en ai les moyens au fond de moi. Quand je cherche tout seul, ou avec mon cercle intime, je suis en butée sur ce petit cran qui permet de passer de l’essai à la transformation ».

Les meilleurs savent s’entourer. Il a été le leader d’une équipe. Sans elle, impossible de gagner. Bravo pour cette humilité, cette clairvoyance, et au final pour cette intelligence.

La souffrance fait partie du sport de haut niveau

Je crois (je suis sûr) que l’on ne se rend pas compte de ce qu’il a enduré. Jugez un peu !

Coville : « Je ne suis jamais allé aussi loin dans les retranchements parce que ce sont des gros bateaux. Un exemple : cet enchaînement d’empannages (virements de bord), c’est un fractionné de vingt minutes enchaîné toutes les heures, pendant une journée. Ceux qui font de l’endurance vont comprendre. J’avais le goût du sang dans la bouche à la fin de chaque manœuvre. J’étais ruisselant, j’essayais de m’hydrater et de manger, et je savais que j’allais repartir pour un autre (empannage). Et ça, pour flirter avec les glaces. L’engagement était mental, aussi. Je ne pensais pas pouvoir tenir ça. Je ne me l’étais jamais imposé avant. Au retour, dans l’Atlantique Sud, là où je pète physiquement, c’est parce qu’on enchaîne 50 nœuds-3 nœuds de vent sur cinq à six jours. Donc, on se fait toute la garde-robe (changement de voiles). Hisser la grand-voile tout en haut à 35m, c’est quarante minutes, chaque ris (étape), c’est vingt-cinq minutes. A la fin, musculairement, je suis occis ».

Il poursuit : « C’est la première fois que sur un tour du monde, quand je m’allonge pour faire de la respiration ventrale afin de m’endormir, je sens mes viscères bouger. C’est dû aux G qu’on prend en latéral. Il y a des mouvements parasites en latéral qu’on n’avait pas avant. Physiquement, on est à la limite du supportable. »

Comme disent les ados : « Un truc de Ouf… »

Il a fini par triompher… bravo l’artiste !

Allez, je vous laisse finir l’année en beauté. Je vais me ressourcer un peu pour persévérer en 2017, et vous retrouverai le vendredi 20 janvier 😉

GS

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