Lorsque l’on évoque le haut niveau, vous pensez certainement à certains athlètes ou à certaines équipes. Parmi mes pensées « instinctives », apparaît très rapidement les All Blacks. Mais est-ce vraiment une pensée instinctive ?
Le demi d’ouverture de cette équipe championne du monde de rugby, Dan Carter, évolue depuis cette année au Racing 92. Dans le journal l’Equipe, de dimanche dernier, jour de leur victoire en demi-finale de coupe d’Europe, il évoque le haut niveau, la confiance, l’instinct… Très intéressant !
CHACUN SAIT EXACTEMENT CE QU’IL A À FAIRE…
Le journaliste revient sur des propos que Carter a prononcé dans son autobiographie : « Plus vous évoluez dans une équipe forte, plus c’est facile ».
Carter : « Oui. Bien sûr, on pourrait croire que jouer pour les All Blacks est plus difficile que tout, mais c’est le contraire. À mes débuts, je jouais dans des équipes où chaque joueur – moi compris – essayait de tout faire lui-même ; on n’était pas organisés, pas assez exigeants, les entraîneurs pas toujours à la hauteur… Plus le niveau augmente, plus le jeu s’éclaire, plus notre rôle est précis. Chez les All Blacks, on atteint le summum dans ce domaine, chacun sait exactement ce qu’il a à faire, et on est dans cette confiance aveugle dont je parlais. »
Le haut niveau se caractérise, entre autre, par la simplicité. Plus vous maîtrisez, plus le process est simple. C’est donc complexe de faire simple, car c’est l’aboutissement d’un énorme travail ; entraînement, répétition, réflexion, élaboration de stratégie, observation, régulation… Cette confiance dont parle Carter, est créée par cette simplicité. Chacun sait ce qu’il a à faire, chacun connaît le rôle de ses partenaires, la stratégie collective est claire pour tout le monde… En conséquence, la confiance peut être « aveugle » car je sais exactement pourquoi je fais confiance. Mais du coup, est-ce vraiment une confiance aveugle ?
ECOUTER SON INSTINCT OUI, MAIS PAS N’IMPORTE COMMENT…
Comme chacun sait ce qu’il a à faire, place à l’instinct et à l’improvisation. Mais du coup, l’instinct ne tombe pas du ciel. C’est une sorte de matérialisation inconsciente du travail fait en amont. La pertinence de jouer à l’instinct nécessite donc des pré-requis.
Carter : « … Une fois en match, il faut se libérer de ces pensées, de ces raisonnements et entrer dans l’action de manière totalement instinctive. Plus on a confiance en soi, en ses partenaires, plus on pousse cela loin. Quand je doutais, après mes blessures, je n’osais plus écouter mon instinct. Je réfléchissais trop. Alors que, si on fait un mauvais choix mais qu’on le fait en ayant confiance en soi à 100%, on peut transformer une action mal embarquée en quelque chose de positif, un truc génial auquel personne n’aurait pensé ! »
Quand il doutait, il n’osait plus écouter son instinct. L’instinct va donc être la conséquence de votre préparation. Plus vous aurez de convictions sur vous, vos stratégies, votre rôle… moins vous douterez et plus vous pourrez être créatif.
L’instinct n’est donc pas de l’improvisation, c’est tout le contraire !
GS
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