On veut que notre peuple rivalise avec le monde

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Athletic Bilbao's supporters celebrate as their team won 6-2 against Manchester United's, during their Europa League second leg, round of 16 soccer match at the San Mames stadium in Bilbao, northern Spain, Thursday, March 15, 2012. (AP Photo/Juan Manuel Serrano Arce)

Dans un monde aseptisé par la victoire à tout prix, ou la volonté vaine de gagner sans prendre le temps de construire, le club de football de l’Athletic Bilbao, fait tout le contraire.

Cet ovni dans le monde moderne, a toujours fait le choix de n’évoluer qu’avec des joueurs basques ou formés localement. Ce qui m’intéresse dans l’histoire de ce club, ça n’est pas de militer pour le communautarisme, mais bien de prouver que le résultat n’est qu’une conséquence de la cohérence et la clarté de son projet.

Le journal l’Equipe de samedi dernier, a consacré un reportage sur les équipes Basques. Le président de l’Athletic Bilbao, Josu Urrutia, nous livre son regard sur cette philosophie… qui gagne !

L’Athletic, c’est une utopie devenue réalité

Urrutia : « Ça suppose des difficultés supplémentaires, mais aussi des bénéfices : tous ceux qui travailleront dans cette entreprise mettront quelque chose de plus. Nous, on veut gagner ou perdre avec les nôtres. C’est beaucoup plus difficile, mais ces dernières années – et même sur le long terme – on se bat au plus haut niveau. Il y en a beaucoup d’autres qui n’y parviennent pas en faisant autrement. L’Athletic, c’est une utopie devenue réalité. »

Les autres n’ont plus d’identité 

Le journaliste lui demande s’il ne voit pas cette philosophie comme un frein au développement. Il répond :

« On la voit comme un avantage. Moi, par exemple, j’ai joué quinze ans à l’Athletic. J’y suis entré quand j’étais petit. Si j’avais été dans une autre équipe, mes possibilités de devenir professionnel auraient été beaucoup plus faibles. Si le club avait pu choisir des personnes venant de n’importe où dans le monde, c’est possible que beaucoup de personnes de chez nous ne seraient pas ici, pas seulement moi, mais le médecin, l’attaché de presse, le directeur général… On veut que notre peuple rivalise avec le monde. Les autres ont plus de choix mais ils perdent une identité qu’ils avaient auparavant. On ne trouve plus de Michel ou de Butragueño (au Real Madrid). Ils ont perdu quelque chose. Nous pensons que si nous changions notre façon de faire, nous deviendrions une équipe comme les autres, une photocopie de plus. Il n’y a que trois équipes qui ne sont jamais descendues en Deuxième Division : le Real, le Barça et nous. En près de cent vingt ans d’histoire. On ne s’est pas tellement trompés… »

Quoi de plus beau que de gagner avec ses valeurs ? Ces mecs sont prêts à descendre en seconde division en respectant leur projet, ces mecs veulent gagner mais en respectant leurs valeurs, ces mecs prennent le temps de construire, ces mecs ont une identité, ces mecs doivent être heureux !

Tout ça, quand aujourd’hui il n’y a plus d’identification à un maillot, il n’y a plus de valeurs communes, il persiste une peur de perdre, la perspective de descendre de division angoisse tous les acteurs. On entend souvent parler de valeurs ou d’identité, mais généralement dans les actes il n’y a rien.

Que ça fait du bien de constater, qu’on peut encore ambitionner de gagner, en respectant ce qu’on est !

Bon WE

GS

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