La vidéo va être un boulet pour l’atteinte du haut niveau !

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Le débat de la vidéo est ouvert depuis des années. On a commencé à l’utiliser cette semaine lors de France-Espagne, et sans aucun doute, son recourt va monter en puissance.

Ça n’est pas une bonne nouvelle pour le haut niveau et le processus à mettre en place pour l’atteindre. Je m’explique :

– Avec la vidéo, l’équipe de France de handball n’aurait peut être pas le palmarès qu’elle possède…

Je reviens sur un article que j’ai écrit le 6 février 2015. Les français se sont fait voler la finale du mondial 2007 sur une faute d’arbitrage. Ce fut le déclencheur de la razzia des titres futurs !

 « Pas question de chouiner ou de faire les chiens battus, il faut trouver un remède pour ne plus pouvoir se faire voler : devenir injouable. « La seule façon de ne pas être battus par les arbitres ou autres, c’était d’être plus forts au point qu’ils ne puissent plus nous battre, expliquera plus tard Onesta. Que les méchants ne puissent plus nous enterrer. » « Au lieu des pleurs, il fallait monter d’un cran », rappelait Philippe Bana, le directeur technique national depuis 1995 ». 

Grâce à cette faute d’arbitrage, ils sont devenus excellents ! L’injustice, la défaite, l’échec, la concurrence… sont autant de déclencheurs pour élever son niveau. Il faut donc l’accepter et surtout s’en servir pour devenir plus fort.

 Alors oui, la vidéo ne va pas tout régler et les défaites existeront toujours pour nous permettre de nous remettre en question. Mais elle va nous priver d’un déclencheur, qui permet d’aller vers l’excellence !

– Les arbitres sont des hommes

Pour travailler avec quelques arbitres, je connais leur implication, leur engagement, leur travail de débriefing… leur grand professionnalisme. Mais la vidéo pourra inciter certains à moins pousser leur obsession de la performance.

Lors de France-Espagne, tout le monde se gargarise en disant que la vidéo a permis d’éviter deux grandes erreurs. Ok, mais je n’oublie pas qu’au départ ce sont deux erreurs d’arbitres. Ce n’est donc pas un match abouti sur le plan arbitral. Or, comme la vidéo les a « sauvé », ils peuvent être tentés d’être satisfait.

La vidéo va donc aveugler certains arbitres dans l’analyse objective de leur performance. On tire vers le bas !

– Comme l’injustice résume la vie, les sources de conflits vont se démultiplier…

Je résume les arguments des partisans de la vidéo, par un désir de plus de justice. C’est recevable intellectuellement, mais la réalité de la vie, c’est que « l’injuste » est partout. Et c’est justement la capacité à s’adapter aux différentes formes d’injustices, qui permet d’aller chercher « son haut niveau ». Savoir dépasser les différentes formes d’injustices que nous vivons tous, chaque jour, c’est déjà commencer à gagner…

Je suis d’accord, la vidéo va permettre de ne pas accorder un but par erreur. Merci d’avoir rattrapé cette erreur et cette potentielle injustice. Mais le joueur qui va se faire tirer le maillot à 60 mètres des buts, et à qui, il manquera 30 centimètres à l’arrivé pour pousser la balle au fond, qu’est-ce qu’on en fait ? Il paraît que pour ce genre d’action, la vidéo n’interviendra pas. Merci pour la justice. Comme disait Coluche : « Circulez, y a rien à voir ».

La vidéo va donc régler des situations ponctuelles. Mais les dégâts qu’elle va faire ne seront pas visibles. Elle va nous priver d’un déclencheur de motivation pour devenir excellent et elle va baisser le niveau de performance et de responsabilisation, de certains arbitres.

Vive le numérique et la machine, mais vive l’homme avec toutes ses imperfections…

Bon WE

GS

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