« Tout l’enjeu, c’est de se détacher de l’enjeu » – Ouest-France

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Recueilli par Anaïs HUET.

Coupe de France J-4. Avant cette nouvelle finale au Stade de France, les joueurs du Stade Rennais vont devoir puiser dans leur mental pour se focaliser sur leur match. Sans craindre une troisième défaite.

Entretien

Gilles Sero, préparateur mental pour le sport de haut niveau et les entreprises, ancien stagiaire professionnel au Stade Rennais.

Comment les joueurs du Stade Rennais doivent-ils aborder cette nouvelle finale ?

Tout l’enjeu pour aborder ce genre de match, c’est justement de ne pas penser à l’enjeu. Les joueurs doivent à tout prix éviter les projections d’après match : quelles seront les conséquences de mon éventuelle victoire ou de mon éventuelle défaite ?

S’ils pensent au résultat avant de jouer, ils vont se planter. Dans ce genre de match, 90 % des joueurs ressortent avec des regrets.

Le nerf de la guerre, c’est de se focaliser sur le moment présent. C’est ce qu’il y a de plus difficile, mais c’est aussi ça, être un sportif de haut niveau.

Après les échecs de 2009 et de 2012, les joueurs rennais ne risquent-ils pas d’être tétanisés par la pression ?

Je crois que c’est tout le contraire. Le mental, c’est la gestion de l’incertitude. Rennes a déjà perdu face à Guingamp, ils ont cette expérience, donc maintenant ils sont censés savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

L’équipe rennaise de 2014 n’est plus celle de 2009, l’effectif a été largement remanié. Les joueurs d’aujourd’hui n’ont pas vécu ces échecs, ils ne portent pas ce traumatisme. L’histoire ne dit pas que Rennes perdra toujours en finale, tout est à construire.

Rennes est annoncé comme favori, Guingamp comme « les petits ». Quelles conséquences cela peut-il avoir dans l’esprit des joueurs ?

Normalement, il n’y a pas de différence entre Guingamp et Rennes. Les deux équipes ont la même obligation sur le terrain. Le statut de favoris des Rennais ne doit pas les empêcher pas de s’exprimer totalement dans cette finale.

Ce qui compte avant d’aborder un match, c’est d’accepter la possibilité de perdre. Guingamp a déjà intégré cette idée et c’est peut-être là l’avantage qu’ils ont sur les joueurs rennais. Trop souvent, les joueurs ont peur de la défaite, ça les inhibe et ils en oublient leur travail sur le terrain.

Quels mots le coach peut-il dire à ses joueurs avant d’entamer un tel match ?

Je ne crois pas au discours motivationnel, guerrier. Le coach doit se montrer ultra-exigeant sur l’application du plan de jeu, mais aussi rester très souple sur les conséquences d’une éventuelle défaite. S’il a apporté à ses joueurs des convictions sur la tactique à adopter, cela sera leur seule boussole. Un joueur de haut niveau doit être une machine à exécuter.

Les joueurs ne doivent pas avoir d’objectifs de résultats, mais il est impératif d’avoir l’ambition d’être performants.

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