POUR ÊTRE PERFORMANT, IL FAUT S’IMPLIQUER

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A côté des caractéristiques individuelles, techniques, tactiques ou physiques, nécessaires pour performer, qu’est-ce qui fait la différence entre les individus ? L’implication, l’engagement, la prise en main de son projet.

Cet objectif d’accompagner les individus à ce qu’ils prennent en main leur projet, est trop négligé dans notre système d’éducation ou de formation. Mais ça veut dire quoi, prendre en main son projet ? C’est être acteur, c’est prendre des décisions, c’est s’opposer, c’est mettre du sens… C’est s’impliquer au quotidien.

Dans l’Equipe de vendredi 24 avril dernier, un formidable article traita de ce sujet. Didier Retière, le directeur technique national, du rugby français, abonde dans ce sens, et fait le constat que les joueurs ne sont pas assez impliqués dans leur projet.

Didier Retière : « Si nos joueurs ont l’ambition de jouer en équipe de France, ils doivent travailler plus, individualiser leur préparation. Mais chez nous, culturellement, ça ne se fait pas. On est dans cette logique très collective : « je dois être au service de mon équipe, je dois être bien dans mon club. » Il y a une espèce de modestie forcée à se fondre dans le groupe. Ça va à l’encontre des ambitions. Chez les Anglais, les internationaux arrivent très souvent à 6 heures du matin pour faire de la musculation avant les autres. En France, ils se fondent dans la masse, agissent comme les autres, comme pour ne pas dépasser.

L’autre problème, Fred Michalak l’avait soulevé en revenant d’Afrique du sud : « ce qui m’a marqué là-bas, c’est qu’un joueur qui ne pose pas de question pendant le briefing, c’est un idiot. En France, celui qui en pose, c’est un fayot. » Il y a un gros écart de perception. Et, contrairement à ce qu’on entend souvent, les étrangers dans nos clubs font du bien à l’équipe de France. Ils amènent cette façon de faire et sont la preuve vivante que les joueurs doivent être auteurs de leurs performances. Être un grand sportif, c’est s’impliquer ».

Prendre son projet en main, c’est par exemple individualiser sa préparation. Nous n’avons pas tous les mêmes besoins, nous devons faire du sur-mesure. Avoir l’esprit collectif, ça ne veut rien dire. Que chacun s’occupe très bien de soi, et le collectif sera servi.

Mais qui est responsable de cette insuffisance d’implication ? Les entraîneurs, les parents, les professeurs, les éducateurs… Nous tous, adulte. Nous pensons très souvent à la place de l’autre, nous voulons qu’ils fassent comme nous voulons, nous faisons à leur place…

Retière : « En France, il y a une telle pression sur le résultat, qu’inconsciemment les staffs veulent que les décisions des joueurs correspondent aux leurs. Sans que cela soit dit, on décide à leur place, et on les pousse, insidieusement, à ne plus oser prendre de décisions. Pour moi, l’effet pervers de la professionnalisation du rugby, c’est ça. Elle a conduit à ce que les joueurs ne prennent plus d’initiatives ».

Que ce soit dans le système de formation sportif, ou celui de l’éducation au sens large, je pense que c’est le plus gros chantier que nous avons à travailler : Comment faire en sorte que nos joueurs prennent des initiatives et soient acteurs de leur projet ?

Vous avez des enfants ?

GS

Photo : http://www.sportal.co.nz/rugby/allblacks/ball-control-vital-for-france-against-all-blacks/lolwxhpkf62r13k0e1s1oa6pi