MANAGER = DONNER DU SENS

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Fabrice PELLERIN, l’entraîneur des quatre nageurs Niçois, médaillés aux jeux Olympiques de Londres, à été élu « manager de l’année », par l’Equipe magazine. A travers une longue interview, dans ce magazine, samedi dernier, j’ai découvert un manager qui donne du sens, un manager qui prépare ses journées, un manager qui construit pour durer, un manager qui pose un cadre clairement défini, un manager qui rend ludique l’entraînement, un manager qui a compris que le résultat n’est qu’une conséquence… Bref un manager qui met tout en place pour construire les performances de demain.

En voici quelques extraits. Le journaliste : « Comment fait-on pour convaincre quelqu’un de passer six heures par jour, six jours sur sept, dans de l’eau chlorée ? ». Fabrice PELLERIN répond : « Ils savent pourquoi ils sont là et ils sont là pour ça. Il y a un premier souffle, qui vient d’eux. Mais, au delà du désir initial, il faut accompagner sur la durée. La vraie notion de management se situe là. L’enjeu ne consiste pas seulement à proposer aux nageurs la meilleure série, celle qui correspond à la meilleure sollicitation physiologique ou à la meilleure orientation technique. L’idée c’est, une fois qu’on a posé un objectif, à moyen ou à long terme, de faire en sorte que chaque journée, chaque séance, soit autosuffisante. Qu’elle ait apporté quelque chose. Au minimum, un moment de plaisir dans l’eau. Plaisir sensoriel, plaisir de se réaliser ou d’apprendre quelque chose de nouveau. Il faut que chaque journée d’entraînement raconte une histoire. Sinon, ça tient un mois, deux mois et puis on craque, physiquement, mentalement ».

Le journaliste : « Comment concevez-vous ces séances ? ». FP : « Il faut que chaque séance soit différente de toutes celles qui auront été réalisées auparavant… quand on laisse passer une semaine sans qu’il y ait de cette nourriture-là, et c’est souvent le cas quand on ne pense qu’à l’objectif final, à un moment donné on le paie. On ne va pas au bout ».

Le journaliste : « Parmi tous les ingrédients que vous avez évoqués, quels sont ceux que vous avez utilisés durant l’année préolympique? ». FP : « On aurait pu essayer de copier, forcément en moins bien, ce qu’on avait identifié comme points forts chez les adversaires (de Yannick AGNEL). La coulée de Ryan LOCHTE, le dernier 50 de Sun YANG… J’ai préféré amener les nageurs à sentir qu’ils possédaient eux-mêmes quelque chose de singulier, que personne d’autres n’aurait au moment des jeux Olympiques ».

Le journaliste : « Comment avez-vous révélé ces talents particuliers ? ». FP : « Ce n’est pas moi qui dis : « Tiens, je pense que tu as telle capacité dans tel domaine. Je concocte un entraînement qui met les nageurs dans des situations nouvelles, d’apprentissage. C’est comme un laboratoire : créer du déséquilibre pour que, parfois, jaillisse un truc. La difficulté, c’est de capter le truc. De mettre le doigt dessus. Ce qui est bon c’est l’interaction. Leur dire : Qu’est-ce que tu viens de faire, là ? Et entendre : Ben écoute, j’ai trouvé un geste, quand je mets ma main comme ça, je suis plus relâché, et puis j’ai l’impression d’aller plus vite… Et puis, on peut aller au-delà de ce que, moi, je peux avoir en tête comme modèle et de ce que le nageur sait déjà faire… ».

Fabuleux ! Voilà du haut niveau…

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