Landry CHAUVIN, entraîneur de football professionnel, a entraîné Sedan, Nantes et Brest. J’ai connu Landry lors de son passage comme éducateur au centre de formation du Stade Rennais, où il a notamment gagné la coupe Gambardella (champion de France des 19 ans) et est devenu champion de France des réserves professionnelles. Son expérience m’intéressait car avant d’entraîner les professionnels, il a passé de longues années à la formation. J’étais curieux de découvrir les éventuels parallèles qu’il pouvait y faire, et ce qu’il retient d’essentiel en termes de management, avec des adultes.
Gilles Séro: Si ta dernière expérience à Brest (Ligue 1) était à refaire, ferais-tu des choses différemment ? Si oui, lesquelles ?
Landry Chauvin : « J’ai beaucoup appris de cette expérience. Tout d’abord, je me suis engagé avec ce club un peu précipitamment. Les conditions de travails que l’on m’a vendu n’étaient pas à la hauteur d’un club de ligue 1.
Ensuite, je me suis occupé de choses qui n’étaient pas dans ma fonction. Ceci, pour le bien du club, mais qui finalement m’a été contre productif.
Enfin, lorsque nous avons eu une période de quatre défaites consécutives, j’ai mal géré émotionnellement. Je savais que dans le contenu nous étions dans le vrai, mais l’enchaînement des défaites m’en a fait dévier. J’aurai dû continuer à me focaliser uniquement sur le contenu.»
GS: Quelles sont tes convictions en termes de management ?
LC : « Tu as plus de chances d’y arriver si tu as l’adhésion des joueurs. Selon moi, le joueur de foot doit savoir ce qu’il doit faire. Je passe du temps à leur expliquer ce que je veux.
Je tâche également à être honnête et cohérent. Par exemple, avant de m’exprimer dans les médias, les joueurs étaient au courant du contenu de mes propos.»
GS: Quelles différences fais-tu entre ton métier d’entraîneur pro, et le métier de formateur, que tu as exercé de nombreuses années ?
LC : « La différence est énorme. A la formation, on est dans la construction de l’individu, de l’homme et du footballeur. Alors qu’en pro, on est dans le résultat immédiat.
Si demain, je revenais à la formation, je serai beaucoup plus exigeant au quotidien. A l’époque, on « protégeait » beaucoup les joueurs. Même s’ils n’étaient pas performants, ils jouaient quand même. Je pense que ça n’est pas leur rendre service, car on ne leur apprend pas à surmonter les obstacles. Aujourd’hui, j’agirai plus pour éduquer au haut niveau. »
Mise en perspective avec mes convictions :
De ce que nous dit Landry, je retiens 4 points clés :
– La préparation est en effet un concept clé dans la recherche de performance. 80% de la qualité de votre action se situe dans votre préparation
– L’enjeu ne doit pas vous détourner du jeu. Jouez en fonction de vos convictions et régulez le cas échéant. Le résultat ne sera toujours qu’une conséquence. Alors ne bâtissez pas vos stratégies en fonction du résultat ponctuel, mais en fonction de vous !
– Le mental est la gestion de l’incertitude. Landry s’assure que ses joueurs savent ce qu’ils ont à faire. Il travail donc le mental car il leur permet d’avoir des certitudes.
– Les joueurs sont dans un centre de formation, pour jouer au plus haut niveau. Il faut donc les former pour ce plus haut niveau : exigence quotidienne, véracité des entraînements, implication dans le travail, respect des règles du groupe… ça c’est de la formation !
Je remercie Landry pour sa disponibilité, son objectivité et sa simplicité.
GS
Photo: http://www.20minutes.fr/article/790724/8239des-garsamateurs-ame8239