Ce devrait être l’objectif de tout sportif en compétition : se lâcher. Tout sportif y arrive plus ou moins souvent, mais sur la durée c’est difficile. Comment cela s’explique et quelles sont les clés pour trouver cette régularité comportementale ?
Vendredi dernier, Pascal Martinot-Lagarde a remporté sa première médaille d’or, en 60m Haies, aux championnats d’Europe, à Prague.
Avant ces championnats, il n’avait plus couru depuis 36 jours et est même arrivé blessé. Il ne savait pas ce qu’il avait dans les jambes, donc n’avait aucun repère. Dans l’Equipe du lendemain, le journaliste lui demande quelle était son approche ?
Il répond : « Juste m’éclater. Ça faisait un bon mois que je n’étais qu’à l’entraînement sans voir la couleur d’une compétition. J’ai repris le sprint il y a une semaine et demie. J’ai appelé tout l’encadrement pour dire : « c’est bon, je vais à Prague. » Mais je ne savais pas dans quel état, ce que j’avais dans les jambes. C’est un plaisir multiplié par mille. »
Le journaliste lui demande s’il va reproduire cet état d’esprit ? « Le mode plaisir, oui, celui du « Lâche-toi, qu’est-ce que t’en as à foutre, tu seras juste content ou pas le lendemain ! »… Pour la première fois dans un championnat, j’ai réussi à dormir la nuit d’avant. Pour moi, ça veut dire beaucoup. J’ai passé un cap. D’habitude, je tourne toute la nuit. Tout l’opposé de Zurich. J’avais le meilleur temps, j’étais trop sûr de moi, j’ai merdé. »
Il dit avoir passé un cap. Quel cap ? Il n’a passé aucun cap. Il a eu cet état d’esprit car il n’avait rien à perdre. Il n’avait pas d’objectif de résultat, car vu sa situation avant ces championnats, il ne pouvait pas en avoir. Il s’est donc lâché, sans penser à gagner ou perdre, mais en s’engageant à fond dans l’action.
C’est donc tout le temps un problème d’objectif. Il n’avait pas d’objectif de résultat, donc il s’est exprimé à fond.
Malheureusement, beaucoup de sportifs « se lâchent » uniquement dans ces situations. Quand ils n’ont rien à perdre. C’est la prochaine fois que l’on verra s’il a passé un cap. Lorsqu’il fera partie des favoris, est-ce qu’il n’en n’aura rien à foutre du résultat ? Je n’en suis pas convaincu, mais je l’espère pour lui.
Ce n’est pas considérer le résultat comme important, qui est décisif. C’est beaucoup s’entraîner, être acteur de ses performances, et s’engager à fond dans l’action. Affaire à suivre…
GS
Photo : http://www.europe1.fr/sport/multisports/flashs/euro-d-athletisme-triple-francais-historique-2392729