Pendant l’action, il n’y a pas de place aux émotions ! Les émotions, c’est après, jamais avant ni pendant.
Se focaliser sur des objectifs de performance (les moyens à mettre en œuvre), permet de ne pas être parasité par les émotions. Avoir des objectifs de résultat, ouvre la porte aux émotions.
Certaines situations de la vie, vous obligent à ne pas avoir d’émotions, et à vous focaliser sur ce qu’il faut faire dans l’action, sous peine d’embrasser la mort. Si vous n’êtes pas concentré sur le moment présent, ce peut être la fin…
C’est le cas de ceux qui veulent gravir l’Everest et notamment « la zone de la mort ». On l’appelle la « zone de la mort ». Parce qu’à cette altitude, au-dessus de 8 000 mètres, l’oxygène est tellement raréfié, un tiers de la normale, que le fonctionnement des organes se détériore inexorablement.
Sur le site RUE 89, nous pouvons lire le récit de quatre alpinistes qui ont tenté cette aventure en 2011.
Jérôme BRISEBOURG, un de ces quatre alpinistes nous raconte :
« Les huit heures d’ascension vers le sommet me paraissent en durer deux. Je ne suis plus complètement lucide. On devait s’arrêter pour boire toutes les heures car la déshydratation est très importante en altitude. On s’est bien arrêté mais à chaque fois, on n’a jamais pensé à boire.
Je suis dans un état second, comme m’observant en train de grimper. Je progressais en tête. Soudain, j’aperçois une forme sur l’arête, un corps gelé. J’étais prêt à tout sauf à voir des cadavres. Il y avait peut-être une part de déni chez nous tous. Il fallait faire un écart pour l’éviter. Il était là depuis l’année dernière.
Ça m’a renvoyé à moi-même et je me suis dit : “Mais qu’est-ce que je fous là ?” Comment peut-on apercevoir un cadavre alors qu’on n’aperçoit aucun danger apparent ? Ça m’a fait un choc. Je n’étais pas au bout de mes peines. “Quand on arrive au sommet, l’objectif n’est pas atteint”
Quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois des alpinistes en train de faire les poches d’un autre cadavre… C’est la famille qui avait demandé à ce qu’on récupère les effets personnels d’un alpiniste décédé la saison dernière.
« On finit par atteindre le sommet à l’aube. Je m’assieds pendant 15 minutes tout seul, sans bouger et la seule chose que je me suis dite c’est : “Putain, maintenant il faut redescendre !”
Je ne me rendais même pas compte que j’avais un orteil qui commençait à geler. Je savais que beaucoup d’accidents survenaient dans la descente, quand on a été puisé trop loin dans ses limites pour atteindre le sommet à tout prix. J’ai appris en redescendant qu’un alpiniste russe, d’une expédition partie devant nous et que j’ai croisé en montant, est mort sur l’arête, de fatigue.
Ce n’était pas de la souffrance physique mais une vraie pénibilité. Même quand on arrive au sommet, l’objectif n’est pas atteint car l’objectif est de revenir au camp. Ma devise, c’était pas à pas jusqu’au camp de base. J’étais encore dans l’action, pas dans la consécration. Ce n’est que plus tard que je me suis dit : “Ça y est, je l’ai fait !” »
La situation l’a obligé à penser au moment présent, et à ne pas anticiper la gloire ou la consécration. Vous voulez gagner ? Faîtes la même chose…
Merci à fabien DUPUIS de m’avoir fait connaître cet article.