La compétition, c’est le cancer de la réussite et de la vie !

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C’est une légende du basket français qui vient de prendre sa retraite : Boris Diaw. 247 sélections en équipe de France, et une personnalité atypique dans le sport de haut niveau. A l’heure où la majorité des sportifs se réclament être des compétiteurs, lui non. Intéressant, car il presque tout gagné.

Dans l’Équipe de vendredi dernier, sa mère Élisabeth Riffiod, 247 sélections également au compteur, revient sur la carrière et la personnalité de son fils. Un régal !

La manière plutôt que les chiffres…

Élisabeth Riffiod, concernant la carrière de Boris : « Plus que le chiffre des sélections, ce qui me plaît c’est la manière. Souvent, j’ai tempêté contre les analyses qui donnaient trop d’importance aux scoreurs dans le basket. On lui reprochait de ne pas assez marquer, shooter. Et lui, au lieu de céder à ce que tout le monde lui demandait, est resté fidèle à sa vision et a imposé sa manière de jouer, plus juste, plus altruiste. Il fallait un sacré tempérament pour ça. Il a toujours tiré de la fierté à être utile autrement, en mettant en valeur ses coéquipiers, en respectant le jeu. Dans le sport de haut niveau, c’est atypique ».  

Il n’a pas voulu répondre aux attentes des autres ! Il n’a pas fait un sport individuel dans un sport collectif ! Il n’a pas écouté tous ces conseillers qui, pour exister, parlent sans se préoccuper de la personne qu’ils ont en face d’eux ! Non, il a décidé de jouer comme il était.

Et oui, plus que d’annoncer des objectifs de victoires, de titres, d’accéder à un niveau supérieur, de shoot, ou je ne sais quoi encore, il a joué comme il était, comme il sentait le basket ! C’est parce qu’il s’est respecté, qu’il a gagné ! Pas le contraire. Sa mère le confirme : « Il ne s’est jamais projeté sur un avenir particulièrement brillant. Il a vécu sa carrière et son ascension au jour le jour ».

C’est ça la force mentale : pas d’attente, pas de projection, pas d’objectif de résultat. Mais de l’action tous les jours. Il n’avait donc aucunes incertitudes. Il savait ce qu’il voulait faire. Après, advienne que pourra.

Il a été dans une école du futur…

Il n’y a pas de hasard dans la manière dont il a appréhendé le sport de haut niveau, donc probablement la vie. Sa mère a choisi pour lui, la pédagogie éducative alternative.

Elle raconte : « L’école classique, rester assis toute la journée dès cinq, six ans, ce n’était pas pour lui. Il bougeait tout le temps sur sa chaise. Il en parle beaucoup, encore aujourd’hui. C’est une école particulière. Ça correspondait à son esprit et à ma manière d’envisager l’éducation. Ça a contribué à ouvrir son esprit. Il n’a jamais eu de notes.La compétition n’y est pas envisagée de manière négative. Les élèves s’entraident dans des classes de doubles niveaux. On pourrait croire que ces préceptes ne sont pas compatibles avec le sport de haut niveau, ses guerres d’ego, sa compétition exacerbée. Et pourtant regardez-nous, Boris et moi… ».

Et oui, pas besoin d’esprit de compétition pour réussir. Au contraire, quand on voit les dégâts que ça fait sur la personnalité, le comportement, l’attitude… C’est le cancer de la vie.

À 5 ans, ils ne sont pas encore pervertis par tous ces conseillers. Mais après, la machine se met en route : il faut gagner et la manière on s’en fout ! Ils se mettent alors à tricher, à avoir peur d’un match, à appréhender un RDV, à perdre confiance en eux…

Sauf que gagner ne sera toujours qu’une conséquence. Gagner, c’est atteindre son haut niveau, c’est se respecter, c’est mettre du sens pour s’engager pleinement, c’est s’épanouir dans l’instant présent …

Choisissez votre camps : Vous voulez gagner le match de demain ? Vous voulez absolument faire ce contrat ? Ou vous voulez gagner durablement ?

Bon WE

GS

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