LA BLESSURE COMME LÂCHER PRISE

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Pierre Vaultier est devenu mardi, le premier champion olympique français de l’histoire du snowboardcross. L’histoire est belle, car le 21 décembre dernier, il se rompait le ligament croisé antérieur en tombant, lors d’une épreuve de coupe du monde au Canada.

Mais n’est-ce pas grâce à cette blessure qu’il est devenu champion olympique ? D’après ce qu’il dit, c’est le cas.

Dans le journal l’Equipe de mercredi, soit le lendemain de son sacre il dit ceci: « J’étais le premier à le penser (que la blessure a finalement été une chance pour préparer les JO et gagner le titre). Dans les grands rendez-vous, Championnats du monde ou JO, j’avais toujours des angoisses, je doutais de mon niveau. Je n’arrivais pas à me libérer. J’ai fait un gros travail mental ces derniers mois et la blessure a peut-être été un déclic (c’est sûr). Elle est arrivée au bon moment pour me donner un nouvel état d’esprit…

…Le stress monte toujours la veille de la course chez moi. Je dors mal, je suis agité, je pense à beaucoup de choses. Mais arrivé sur la piste, j’ai senti que la pression n’était pas la même que d’habitude… D’habitude, j’aurais été tétanisé avant la finale. Cette fois-ci, je me suis dit que mon histoire était incroyable. Quel que soit le résultat, c’était un miracle. »

Les choses sont claires ! Cette blessure l’a aidé à gagner, car elle lui a fait lâcher prise avec le résultat. A partir du moment, où il ne s’est pas mis cette pression du résultat, il était concentré sur sa performance et l’instant présent. Il a pu s’exprimer, car il avait réglé cette problématique du résultat.

D’ailleurs, il ajoute ceci : « A un moment, j’étais si concentré que j’étais dans un état second. En demi-finales, quand je suis à la bagarre dans le paquet, je me sens tellement lucide, comme si les gars autour de moi étaient au ralenti. J’arrivais à anticiper les bonnes décisions en pensant à tout en même temps, le terrain, mon genou, les lignes… » Il était immergé dans l’action. Il pensait à ses indicateurs de performance, car il n’avait pas d’objectif de résultat. Si vous avez un objectif de résultat, vous ne pouvez pas être immergé dans l’instant présent de cette manière (on ne peut pas penser à deux choses en même temps).

C’est dommage d’attendre une blessure  pour s’exprimer pleinement. C’est bien ce qu’il a fait, mais ce n’est pas exceptionnel. C’est même le contraire, c’est ce qu’il y a de plus facile. Il n’avait rien à perdre, donc il s’est exprimé.

Je ne minimise pas sa victoire, au contraire je suis admiratif d’un champion olympique. Mais sur un plan strictement mental, c’est sa blessure qui lui a permis d’être acteur. Il n’a donc pas fait un gros travail sur le plan mental.

J’espère juste qu’il va retenir la leçon…

Bon WE

GS

Photo : http://www.themalaymailonline.com/sports/article/olympic-athletes-risk-limbs-in-crashes-at-sochi-extreme-park