Mardi soir, l’équipe de football de Dortmund s’apprêtait à affronter Monaco en quart de finale de ligue des champions, quand son bus fut la cible de plusieurs explosions.
Dans l’heure qui suivit, l’émission infosport + sur canal +, et son animateur Thomas Guichard, m’appelait pour que je puisse réagir en direct sur l’impact psychologique d’un tel événement.
Le format de l’émission impose des réponses claires, rapides et concises. Je me suis adapté à ce format, mais je souhaite ici approfondir mon analyse.
La question principale de Thomas Guichard tournait autour de l’impact psychologique sur les joueurs, après ces explosions. Autrement dit, comme le match a été reporté au lendemain, dans quel état psychologique les joueurs aborderaient-ils cette rencontre ?
J’ai abordé essentiellement l’impact psychologique, qui est à différencier de la préparation mentale pour ce genre d’événement.
L’impact psychologique
L’idée principale quand on parle de psychologie, c’est que la réaction à de tels évènements est individuelle. C’est un sport collectif, mais chacun va interpréter, réagir, comprendre ce qui se passe… de manière personnelle.
Schématiquement, il peut y avoir trois types de réactions :
– Celui qui va se sentir personnellement visé par ce genre d’attaque : pourquoi nous (moi) ? Et si j’avais été à telle place dans le bus ? Et si demain, ils recommencent ? Etc.
– Celui qui va complètement se détacher de ce qu’il vient de vivre : Ils visent des innocents et ne me connaissent pas ! Ils n’ont rien contre nous, c’est contre notre culture et notre façon de vivre ! Statistiquement, il y a peu de chance que je me retrouve dans une même situation ! Etc.
– Celui qui va servir de ce genre d’événement pour entamer une « deuxième vie » et relativiser. C’est souvent le cas des personnes ayant « frôlées » la mort. Ils prennent conscience qu’ils ont eu beaucoup de chance, et n’abordent plus la vie de la même manière. Ils relativisent beaucoup plus ce qui leur arrive et vivent plus sereinement et heureux.
La préparation mentale
En terme de préparation mentale, c’est différent car l’approche doit être identique pour tout le monde. Dans le sport de haut niveau, il faut être capable de faire la différence entre le terrain et le hors terrain. Ça doit faire partie des capacités du joueur de pouvoir se concentrer sur l’instant présent.
Mais pour ça, pas de miracle ! Il faut faire ce travail toute l’année : Savoir sur quels objectifs se concentrer ! Optimiser son dialogue interne ! Savoir comment se préparer pour rentrer rapidement dans l’action ! Savoir se reconcentrer pendant le match ! Savoir gérer l’incertitude ! Etc.
Alors oui, il peut y avoir des conséquences psychologiques sur le court, moyen ou long terme. Si c’est le cas, le club doit mettre à disposition des psychologues pour libérer la parole. Il faut mettre des mots sur ce qu’ils viennent de vivre.
Mais oui aussi, les joueurs doivent être capables de se reconcentrer sur un match 24 heures plus tard. Ça fait partie de leur job ! Je ne dis pas que c’est simple ! Je dis que c’est du haut niveau !
Bon WE
GS
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