Comment valoriser l’individu et le faire appartenir à un projet commun ?

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Voilà le difficile challenge d’un manager : créer les conditions pour que l’individu se sente valorisé et important, tout en ayant le sentiment d’appartenir à un projet commun ! Comment faire ?

Chacun aura ses idées et ses méthodes, mais j’ai découvert ce matin une formidable interview croisée, dans l’Equipe.  Elle a eu lieu entre le coach de rugby de Clermont-Ferrand, Franck Azéma, et l’adjoint des All Blacks, Ian Foster. Ce dernier est venu observer et échanger avec le coach de l’ASM. Un délice !

Un joueur ou un collaborateur épanoui et performant dans un projet collectif, sera le résultat d’un processus de fonctionnement. Une philosophie du management des hommes, un état d’esprit, une façon de penser… seront donc responsables de ce challenge. Ces deux grands entraîneurs nous livrent leurs idées et leurs convictions. Voici les bribes passionnantes qu’ils nous livrent. Pas besoin de commentaires, c’est tellement clair !

Porter une grande attention aux individus…

Foster : « En arrivant ici, ce qui m’a le plus impressionné, ce sont les hommes, leur manière de conduire cette organisation. Ils portent une grande attention aux individus, c’est important. Et j’ai assisté à des conversations honnêtes, ce qui à mes yeux est vital, dans un environnement professionnel. »

Une ouverture intellectuelle…

Azéma : « Je suis impressionné par son ouverture intellectuelle. Au-delà de la technique, j’apprends dans sa manière de parler aux gens et de transmettre. Il rend les choses simples. Qu’il s’agisse de passes, de rucks, de plaquages, il part de la base d’un geste pur et l’étoffe en permanence afin de donner du sens à chaque action. »

Foster : « Pour nous, All Blacks, il est capital, de se confronter à d’autres, d’être exposés aux différences pour apprendre et progresser. Notre organisation se porte bien, mais elle est loin d’être parfaite. Nous cultivons cette curiosité permanente de savoir comment opèrent les autres… Je peux glaner deux, trois détails qui paraissent insignifiants, mais qui, sur une saison entière, font une grosse différence.»

Azéma : « La présence de Foster à Clermont en dit beaucoup : il entraîne la meilleure équipe du monde et reste capable d’aller à la rencontre des autres en se disant, qu’est-ce que je peux apprendre ? C’est une leçon pour tous. »

Echanger, ce n’est pas copier…

Foster : «  Ce qui est précieux, c’est la réflexion que notre échange va engendrer en lui pour aboutir à ses propres solutions. Echanger, ce n’est pas copier, c’est déverrouiller l’esprit, pousser à réfléchir. »

Le management a évolué…

Foster : « Le management a tant évolué ces dernières années. Aujourd’hui, les équipes qui réussissent sont celles où les hommes se sentent valorisés individuellement tout en éprouvant le sentiment d’appartenir à un projet commun. »

L’erreur est acceptée et normale…

Foster : « L’époque et les réseaux sociaux poussent les individus à se fragmenter, chacun suit son chemin. Dans les sports collectifs, nous proposons une voie différente : intégrer un groupe dans lequel l’erreur est permise… Pour que l’équipe grandisse, on doit créer un environnement dans lequel chacun se sent à l’aise pour débattre, se contredire, essayer, décider… Les erreurs ne sont pas une faute, mais un processus vers le progrès. »

Exigence / Tolérance

Azéma : « Ce qui nous frappe chez les All Blacks, c’est l’extrême exigence associée à une grande tolérance. »

Foster : « En tant que parents, l’essentiel est de faire savoir à nos enfants qu’on les aime. On les regarde évoluer, prendre leurs décisions même si elles peuvent aboutir à des erreurs. Tu as fait une bourde ? O.K. On t’aime quand même. On peut t’aider à ne plus la faire. On entraîne, on aide, mais la clé est de créer un environnement dans lequel les individus sont aptes à prendre des décisions. Sans ça, la pression et les attentes extérieures sont trop fortes pour les individus. On n’impose pas la perfection car nul ne peut l’atteindre. »

L’important c’est de discuter…

Foster : « On désigne la tactique de jeu, mais on demande l’opinion des joueurs leaders afin d’être certains qu’ils comprennent notre démarche. S’ils veulent changer un point, on en discute, sans toujours accepter. L’important n’est pas de tomber d’accord, mais d’avoir toujours une discussion. »

Avoir des convictions…

Foster : « On se doit d’avoir des convictions, pas des certitudes. Les convictions s’incarnent par les fondamentaux du jeu. Plutôt qu’innover, je dirais plutôt qu’on se doit de garder l’esprit ouvert à des solutions nouvelles. Toujours savoir, toujours considérer les situations avec un regard nouveau. »

Nul doute que cet article sera un des fils conducteurs de mon prochain livre sur le management. Merci messieurs !

Bon WE.

GS

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