Manager c’est prendre le risque que vos collaborateurs perdent…

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Le monde du tennis est tourmenté depuis des années avec le coaching au bord du court. Entre certains tournois, ou entre les hommes et les femmes, les règles ne sont pas les mêmes. Parfois, le coaching en direct est autorisé et parfois non. Mais est-ce vraiment souhaitable ou indispensable que l’entraîneur parle sans cesse à son athlète ?

C’est une approche du management…

Certains entraîneurs sont des partisans du coaching en direct, et d’autres non. Cela va forcément avoir un rapport avec ses conceptions du management. Parler dans l’instant pour modifier le cours des choses de manière ponctuelle ? Ou bien, laisser faire, puis corriger après-coup, de façon à encourager l’autonomie, et faire en sorte que son collaborateur prenne réellement conscience ?

Autonomie ou dépendance ?

D’après son interview dans l’Equipe du 10 Octobre dernier, Sam Sumyk, l’entraîneur de tennis de Garbiñe Muguruza, semble avoir les idées au claires avec ce sujet :

« Ça peut parfois aider la joueuse, mais je ne suis pas pour. Je pars du principe que si je fais du très bon travail, ma joueuse n’a pas besoin de moi pendant les matchs. Je trouve qu’il y a une certaine beauté et une certaine valeur de préparer son athlète et de croire qu’il a tous les éléments et les moyens pour parer à toutes situations émotionnelles, tactiques, etc. La seule chose dont la joueuse a besoin, c’est de soutien mais pas de conseils. Je cite toujours la phrase d’Agassi : « Un excellent coach, c’est celui qui amène son joueur à ne plus avoir besoin de lui. » Ça ne veut pas dire que l’athlète va se débarrasser du coach, mais il n’y a aucune dépendance. Je n’aime pas créer la dépendance. »

On pourrait également dire qu’un excellent manager en entreprise, c’est celui qui amène ses collaborateurs à pouvoir prendre des décisions sans lui.

Il rajoute :« Il faut amener l’athlète à une certaine réflexion et un certain contrôle émotionnel sans avoir le coach présent avec sa petite baguette. On parle assez pendant les entraînements, avant ou après les matchs. Pendant les matchs, c’est intéressant de se retrouver seul avec ses peurs et ses démons. J’aime bien l’idée du combat en un contre un. Sinon, on joue au foot ! »

Tout à fait d’accord Mr Sumyk. Sauf pour votre exemple du foot. C’est exactement la même chose. Le mot collectif dans un sport d’équipe est un leurre sur le plan psychologique. C’est aussi un combat en un contre un. La compréhension tactique dans l’instant ou la gestion de ses émotions, restent des problématiques individuelles. Mais n’est-ce pas la même chose pour la vie en général ? Nous sommes entourés de monde, mais il ne faut jamais oublier que nous sommes seuls à piloter notre vie.

Chacun son ambition…

En fait, ce thème est le sujet de l’ambition !

  • Vous voulez gagner dès aujourd’hui et rapidement ?Auquel cas, vous allez dire ce qu’il faut faire et parfois même, faire à la place. Vous allez peut être gagner, mais il faudra continuer à chaque action et ne pas vous plaindre que vos collaborateurs ne progressent que très peu et surtout très lentement
  • Vous voulez gagner un jour, mais durablement ?Auquel cas, vous prendrez le risque que vos collaborateurs se trompent et fassent des erreurs. Par contre, à force de prise de conscience et d’analyse, vous les mettrez sur la route de l’autonomie, de la progression, du plaisir… De la gagne !

Je finis par rajouter une couche sur le coaching des « petits ». Par pitié, laissez les jouer, arrêtez de vomir vos conseils à 2 balles. Que ce serait bon de voir que l’entraîneur d’une équipe de U13, que j’ai découvert le week-end dernier, puisse lire cet article. Mais je crains que ce soit peine perdue…

Bon WE

GS

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